Identifier et respecter les normes des masques en EHPAD : ce qu’il faut savoir

3 septembre 2025

Pourquoi les normes sur les masques sont-elles essentielles en EHPAD ?

Les résidents d’EHPAD sont, pour une grande majorité, des personnes à risque face aux infections respiratoires : l’âge avancé, la présence de maladies chroniques, l’immunodépression ou encore la promiscuité exacerbent la vulnérabilité. Selon Santé Publique France, près de 40 à 50 % des résidents d’EHPAD contractent au moins une infection respiratoire aiguë chaque année (Santé Publique France).

C’est pourquoi, bien au-delà de la simple question du confort ou de la disponibilité, l’adéquation des masques portés par les soignants, visiteurs et résidents doit répondre à un cadre normatif strict, régulièrement actualisé au regard de l’évolution des connaissances scientifiques et des contextes sanitaires.

Quels types de masques rencontre-t-on en EHPAD ?

Le choix du masque dépend du profil de risque, du contexte (soins, visites, épisodes épidémiques) et, bien sûr, de la réglementation en vigueur. On distingue principalement trois grandes catégories :

  • Les masques chirurgicaux (masques médicaux jetables)
  • Les masques de protection respiratoire (type FFP2, FFP3)
  • Les masques textiles “grand public” (désormais moins utilisés en EHPAD depuis 2022, jusque-là utiles hors soins)

Chacun répond à des missions et exigences différentes, que détaillent les normes officielles.

Normes applicables aux masques chirurgicaux

Définition et utilisations

Le masque chirurgical est conçu pour éviter la projection de gouttelettes émanant du porteur vers l’environnement et les personnes à proximité. Il protège aussi, dans une moindre mesure, le porteur contre les projections venues de l’extérieur. C’est le masque standard lors des soins non invasifs et lors de tout contact rapproché en EHPAD.

La norme EN 14683 : la référence européenne

La norme EN 14683 encadre les masques chirurgicaux en Europe, et donc en France. Pour être utilisés en contexte de soins, ces masques doivent répondre à cette norme.

  • Type I : efficacité de filtration bactérienne (EFB) ≥ 95 %
  • Type II : EFB ≥ 98 %
  • Type IIR : comme le type II, mais résistant aux éclaboussures/liquides

En EHPAD, les masques type II ou IIR sont privilégiés, surtout lors de gestes générant un risque de projection, ou dans le cadre d’épidémies (grippe, Covid-19).
 

Type EFB Pression différentielle (∆P) Résistance aux éclaboussures
I ≥ 95 % < 40 Pa/cm² Non
II ≥ 98 % < 40 Pa/cm² Non
IIR ≥ 98 % < 60 Pa/cm² Oui (≥ 16 kPa)

Des contrôles rigoureux doivent être effectués quant à l’étiquetage : la mention « EN 14683 », le type, le fabricant, la traçabilité du lot et la date de péremption figurent sur l’emballage.

Obligations et contrôle qualité

Un masque chirurgical conforme doit avoir une indication claire de la norme « EN 14683 » suivie du type (exemple : II R). L’AFNOR (Association française de normalisation) a publié plusieurs guides pratiques à destination des établissements de santé (AFNOR). Attention aux contrefaçons : entre 2020 et 2022, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a retiré du marché plusieurs centaines de milliers de masques non conformes.

Norme et usage des masques de protection respiratoire (FFP)

Qu’est-ce qu’un masque FFP ?

Les masques de type FFP (Filtering Face Piece) sont des équipements de protection individuelle (EPI) destinés à protéger le porteur contre l’inhalation d’agents infectieux, y compris lors de soins exposant à des aérosols (par exemple : aspiration, aérosolthérapie sur un patient suspect de grippe ou de Covid-19).

Norme EN 149 : exigences et classes

La norme EN 149 définit trois niveaux de filtration :

  • FFP1 : au moins 80 % de filtration des particules (rarement utilisé en soins)
  • FFP2 : ≥ 94 %
  • FFP3 : ≥ 99 %

L’usage du FFP2 est la règle en situation de risque de transmission aérienne ou de soins générant l’émission d’aérosols sur des patients porteurs ou suspects d’agents pathogènes aéroportés (SARS-CoV-2, tuberculose, rougeole, etc.), selon les recommandations du HCSP (Haut Conseil de la santé publique).

Pour répondre à la norme, le FFP2 ou FFP3 doit afficher sur l’élastique ou la boîte :

  • Le marquage « FFP2 EN 149:2001 + A1:2009 » ou « FFP3 EN 149:2001 + A1:2009 »
  • La présence du logo CE suivi d’un numéro d’organisme notifié
  • Le nom du fabricant, la référence et la classe (FFP2, FFP3), la date limite

Points de contrôle et limites des masques FFP en EHPAD

  • Port : une adaptation morphologique est nécessaire pour garantir l’étanchéité. Un simple masque FFP2 mal posé perd la quasi-totalité de son efficacité (tests disponibles chez les fournisseurs spécialisés).
  • Durée d’utilisation limitée : en moyenne 8h, souvent moins si le masque devient humide ou souillé.

Dans la pratique, la gestion du stock, du bon ajustement et de la traçabilité reste complexe en EHPAD, d’autant plus que le port d’un FFP2 prolongé est difficile pour certains professionnels, en raison de la fatigue respiratoire ou d’un inconfort accru.

Quid des masques “grand public” et masques alternatifs ?

Entre 2020 et 2022, les masques textiles « grand public » répondant à des spécifications AFNOR S76-001 ont eu leur place pour la vie quotidienne hors soins directs, notamment pour des visiteurs, nettoyage ou cuisine.

  • Ces masques affichaient une filtration minimale de 70 % pour les particules de 3 microns.
  • Depuis juillet 2022, ils ne sont plus recommandés dans les établissements de santé.

Les masques « faits maison », en revanche, restent strictement proscrits pour tout usage en lien avec le soin, même en état de pénurie, comme le rappellent l’ANSM et l’INRS.

Reconnaître et choisir un masque conforme : checklist simple

Voici quelques points clés pour éviter les pièges courants — validé par les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) :

  • Vérifier la présence et la lisibilité de la norme (EN 14683 pour chirurgicaux, EN 149 pour FFP)
  • Repérer le niveau (Type II, IIR pour chirurgical ; FFP2 ou FFP3 pour FFP)
  • S’assurer du marquage CE avec numéro d’organisme notifié
  • Regarder la date de péremption, l’aspect intégrité de l’emballage
  • Privilégier les fournisseurs référencés par l’établissement ou l’ARS
  • Éviter tout masque sans indication précise de type, norme et fabricant

Une fiche d’entrée en EHPAD doit intégrer un rappel sur les attentes en termes de port du masque, d’autant que, selon une enquête de l’INRS en 2021, seulement 60 % des salariés de structures médico-sociales savaient reconnaître efficacement un masque FFP2 conforme en situation d’urgence.

Obligations et responsabilités réglementaires pour l’EHPAD

Toute direction d’EHPAD, en tant qu’employeur, a l’obligation légale de fournir à ses salariés les équipements de protection appropriés, adaptés au risque évalué et conformes aux normes en vigueur : c’est inscrit dans le Code du Travail (article R.4323-95 à R.4323-99). En cas de manquement, la responsabilité pénale de la direction peut être engagée.

Depuis les vagues successives de Covid-19, des contrôles hôtels ont été renforcés par l’ARS et l’Inspection du travail, avec vérifications aléatoires de la conformité des stocks de masques.

  • Traçabilité : garder la preuve d’achat et l’identification des lots reste crucial en cas de rappel sanitaire
  • Information continue : les établissements doivent assurer des formations régulières et une information claire des soignants (cf. guide « Prévention des infections en EHPAD » sur ameli.fr)

Entre théorie et terrain : adapter la pratique des masques au quotidien

Toutes les normes du monde ne suffisent pas à eux seules à protéger : le respect des gestes d’hygiène, le renouvellement du matériel, la vigilance sur l’ajustement du masque, tout cela est aussi décisif. Selon une étude menée par le Réseau de Prévention des Infections Associées aux Soins (RéPias) en 2022, 15 % des usages non conformes des masques en EHPAD proviennent du non-respect de la chronologie d’enfilage ou du port prolongé au-delà des délais autorisés.

La vigilance doit donc rester constante, et l’accompagnement sur le terrain — par l’infirmier hygiéniste et les référents EPI — est plus que jamais d’actualité. À signaler : il existe aujourd’hui des supports visuels, posters et modules e-learning adaptés à la réalité des EHPAD et mis à jour après chaque évolution de la réglementation (cf. ressources INRS, ARS).

Pour approfondir

La réglementation évolue, et les pratiques de terrain s’ajustent. S’informer régulièrement, vérifier la conformité et continuer à former les équipes : ce sont les clés pour tenir le cap face aux risques infectieux en EHPAD.

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