Choisir et utiliser les bons masques en EHPAD : situations pratiques et conseils professionnels

23 mai 2025

Comprendre les différents types de masques : lequel pour quelle situation ?

Le port du masque est devenu une habitude incontournable dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), en particulier depuis la pandémie de COVID-19. Pourtant, la diversité des masques et les situations pour lesquelles ils sont requis peuvent prêter à confusion. Il existe principalement deux types de masques utilisés en contexte médico-social : le masque chirurgical et le masque FFP2. Chacun possède des usages bien définis, des limites et une efficacité propre à certaines situations.

Qu’est-ce qu’un masque chirurgical ?

Le masque chirurgical (également nommé « masque à usage médical ») est conçu pour empêcher l’émission de gouttelettes émises par le porteur vers l’environnement. Il protège ainsi les patients et personnes fragiles d’éventuels agents pathogènes transmis par le porteur du masque (maladies respiratoires… source : Ministère des Solidarités et de la Santé).

  • But principal : protéger l’entourage de la personne qui le porte.
  • Efficacité : filtration supérieure à 95 % pour les particules de trois microns.
  • Usage : soignants, résidents symptomatiques ou toute personne en contact rapproché avec des résidents.

Le masque FFP2 : quelles protections supplémentaires ?

Le masque FFP2 (Filtering Face Piece de catégorie 2) offre une filtration bien plus élevée. Il protège à la fois le porteur et son entourage contre l’inhalation d’aérosols et de particules fines. Le masque FFP2 est reconnu comme équipement de protection individuelle (EPI).

  • Efficacité : filtration d’au moins 94 % des particules de 0,6 micron (norme EN 149 – source : INRS).
  • But principal : protéger le porteur d’agents pathogènes véhiculés par l’air, notamment lors de situations à risque élevé.
  • Contraintes : ajustement précis, inconfort parfois accru sur la durée, coût plus élevé.

Dans quelles circonstances porter un masque FFP2 en EHPAD ?

Le recours au masque FFP2 n’est pas systématique dans l’ensemble des établissements médico-sociaux. Il est réservé à des situations à risque particulier, définies par le Haut Conseil de la Santé Publique et précisées par les recommandations de Santé publique France (dernières recommandations consultées en 2023).

Le port du masque FFP2 est indiqué dans les circonstances suivantes :

  • Contact rapproché avec un résident porteur probable ou confirmé d’une infection transmissible par voie aérienne (tuberculose, COVID-19, grippe sévère, etc.)
  • Procédure générant des aérosols : aspiration endotrachéale, actes de kinésithérapie respiratoire, oxygénothérapie à haut débit, etc.
  • Soins en chambre d’isolement respiratoire.
  • En cas de cluster d’infections respiratoires en établissement, sur consigne de la Cellule régionale d’appui à la prévention des infections associées aux soins (CPias).

A contrario, pour l’essentiel des soins du quotidien, le masque chirurgical reste de rigueur. Le FFP2 n’est jamais substitué au masque chirurgical en dehors de ces indications, en raison de son inconfort et des difficultés de port prolongé (source : Santé Publique France).

Durée et bonnes pratiques du port d’un masque chirurgical en EHPAD

L’usage prolongé du masque chirurgical, quotidien dans de nombreux services, est soumis à trois règles essentielles :

  1. Changer de masque toutes les 4 heures maximum. Un masque humide, souillé ou déchiré doit être changé immédiatement (source : INRS).
  2. S’assurer que le masque reste bien ajusté et sec durant tout le soin ou l’accompagnement.
  3. Ne jamais remettre un masque déjà utilisé, ni le conserver en poche ou autour du cou.

En cas de sorties ou d’interruptions dans la prise en charge (pause, repas, etc.), le masque doit être renouvelé. Un chiffre important : le changement de masques usagés est estimé à une moyenne de 5 à 7 fois par journée standard, selon l’activité (Ministère de la Santé).

Comment s’assurer de la qualité des masques utilisés ?

La qualité d’un masque dépend de plusieurs critères vérifiables sur l’emballage ou la notice technique :

  • Marquage CE ou norme EN 14683 pour les masques chirurgicaux ; EN 149 pour les FFP2.
  • Date de péremption et intégrité des sachets.
  • Absence d’odeur, de traces de moisissure ou de défaut physique (élastiques lâches, masque déformé).
  • Pour les FFP2, test d’ajustement recommandé (fit test) dans le cas d’une utilisation prolongée ou à risque élevé.
  • Éviter les masques « fantaisie » ou non homologués, notamment en période de tension sur l’approvisionnement (source : ANSM).

Le respect de ces critères réduit considérablement le risque de contamination croisée, tant pour les soignants que pour les résidents.

Ajustement : le bon geste, la vraie efficacité

Un masque performant mais mal porté perd tout intérêt. L’ajustement correct est capital pour garantir la protection attendue :

  1. Se laver les mains avant manipulation.
  2. Positionner le masque de façon à recouvrir le nez, la bouche et le menton, en pinçant la barrette nasale (pour les masques chirurgicaux et FFP2).
  3. S’assurer qu’il n’existe aucun espace entre le masque et le visage. Tester l’étanchéité en expirant : aucune fuite d’air ne doit se sentir sur les côtés.
  4. Éviter de toucher le masque pendant le port. Si cela arrive, se frictionner à la solution hydro-alcoolique immédiatement.

Les organismes de prévention comme l’INRS proposent des schémas explicites pour chaque type de masque (rappel visuel).

Risques liés à un port inadapté des masques en EHPAD

Plusieurs événements indésirables sont régulièrement liés à un usage inapproprié du masque :

  • Contamination croisée suite au port prolongé d’un masque souillé (rhinite, grippe, COVID-19…)
  • Ulcérations ou irritations cutanées aux points de friction, en particulier chez les porteurs de lunettes ou ceux soumis à de longues journées de travail (ANSM).
  • Faux sentiment de sécurité, négligence des autres mesures barrières (hygiène des mains, distanciation).
  • Augmentation du risque infectieux pour le résident si le masque n’est pas positionné correctement ou est fréquemment touché.

L’assurance maladie recense régulièrement des cas de transmission lors d’erreurs d’usage ou de gestes d’ajustement répétés (Assurance Maladie).

Masques et communication avec les résidents : quelles solutions ?

Le port du masque constitue un véritable défi pour la communication, en particulier avec les publics âgés, dépendants ou atteints de troubles cognitifs.

  • Le masque atténue la voix, masque les expressions faciales, et rend la lecture labiale difficile chez les malentendants.
  • Des masques transparents homologués ont été développés, mais restent encore peu répandus en EHPAD.
  • Adapter le débit de parole, favoriser les gestes visuels et rendre visible le sourire dans le regard sont des stratégies appréciées.
  • L’identification du personnel par badges avec photos (photo « sans masque ») facilite la reconnaissance par les résidents.

Selon une étude menée par l’Association France Alzheimer (2021), 58 % des résidents signalent un sentiment d’isolement accru lié au port du masque intégral des équipes. La vigilance relationnelle reste donc essentielle.

Gérer intelligemment les stocks de masques en EHPAD

La crise sanitaire de 2020 a mis en lumière la fragilité du circuit d’approvisionnement en masques. Les ruptures de stock mettent en jeu la sécurité des équipes et des résidents. Quelques bonnes pratiques :

  • Estimer les besoins moyens hebdomadaires selon le nombre de résidents et de professionnels.
  • Anticiper les périodes à risque (hiver, épidémie saisonnière).
  • Former des référents « hygiène » à la gestion des stocks et à l’alerte précoce.
  • Collaborer avec les pharmacies d’officine, grossistes et collectivités territoriales qui disposent de « stocks d’État » en cas d’urgence (source : Santé publique France).
  • Limiter le gaspillage par l’information et la sensibilisation du personnel.

Le tableau de bord de suivi des stocks doit être actualisé au moins une fois par semaine pour réagir avant les situations critiques.

Réutilisation et désinfection : que faire en cas de pénurie ?

Les recommandations officielles restent fermes : un masque chirurgical ou FFP2 est à usage unique. Toutefois, en phase de pénurie extrême, certains protocoles exceptionnels ont vu le jour :

  • Sécher un masque FFP2 (jamais un chirurgical) dans une enveloppe aérée pendant 5 à 7 jours avant réutilisation éventuelle (source : INRS – usages exceptionnels COVID-19).
  • Les procédés de « décontamination » par ultraviolets ou vapeur ne sont pas recommandés dans les établissements médico-sociaux car leur efficacité et leur innocuité restent sujettes à caution (ANSM, 2020).

La gestion du stock et l’anticipation restent donc la meilleure parade ; la réutilisation ne doit être qu’un ultime recours, strictement encadré, et jamais pour un masque visiblement souillé ou déformé.

Visiteurs en EHPAD : quelles règles de port du masque ?

Le contrôle de la circulation virale en EHPAD passe aussi par des mesures pour les familles, proches et intervenants extérieurs :

  • Port du masque chirurgical systématique lors des visites à l’intérieur (sauf évolution des consignes nationales).
  • Désinfection des mains avant et après la visite.
  • Port éventuel d’un FFP2 en cas de cluster, sur consigne de la direction médicale.
  • Fournir un stock de masques à l’entrée pour les visiteurs sans équipement conforme.
  • Adapter la durée et les conditions des visites lors de pics épidémiques : privilégier les espaces aérés et limiter la proximité avec les résidents fragiles.

Des travaux menés en 2022 par la Fédération des établissements hospitaliers et d’assistance privée (FEHAP) ont montré que la conformité des visiteurs au port du masque dépend de la clarté de l’information donnée en amont.

Aller plus loin : souplesse, réactivité et dialogue

La maîtrise du port des masques en EHPAD suppose flexibilité et vigilance. Les recommandations évoluent au fil des situations épidémiques, et les connaissances scientifiques progressent. Renforcer le dialogue avec les équipes, s’appuyer sur les référents hygiène, et maintenir une veille réglementaire permettent de mieux protéger résidents et professionnels. Enfin, il ne faut jamais oublier que le masque ne remplace ni l’écoute, ni la chaleur humaine au cœur du soin relationnel.

En savoir plus à ce sujet :