Masques chirurgicaux et masques FFP2 : comprendre les différences pour mieux se protéger

26 mai 2025

Pourquoi cette distinction entre masques : enjeux du quotidien en santé et en société

Les termes « masque chirurgical » et « masque FFP2 » se trouvent partout : à l’hôpital, dans les EHPAD, les cabinets médicaux et même au supermarché. Pourtant, leur usage et leur efficacité varient considérablement. Choisir l’un ou l’autre ne relève pas de la simple préférence, mais répond à des exigences de sécurité, de protection et de confort au sein des établissements médico-sociaux comme dans notre vie courante. Comprendre ces différences permet d’adopter les bons gestes, d’éviter les fausses sécurités, et d’améliorer le bien-être des soignants comme des résidents.

Masque chirurgical : définition, usages et spécificités

À quoi sert un masque chirurgical ?

Le masque chirurgical, aussi appelé « masque médical », est conçu pour éviter la projection de gouttelettes porteuses de germes vers l’entourage et l’environnement. Autrement dit, il protège les autres du porteur, plutôt que l’inverse.

Normes et niveaux de filtration

En Europe, il répond à la norme EN 14683, avec plusieurs types classés selon leur efficacité de filtration bactérienne (BFE) :

  • Type I : filtrant ≥ 95 % des bactéries
  • Type II : filtrant ≥ 98 % des bactéries
  • Type IIR : même filtration que le Type II, mais résistant aussi aux éclaboussures liquides

La résistance à l’eau (sang, liquides biologiques) intéresse notamment les soignants pratiquant des gestes exposant à des projections. Pour le grand public, les masques Type I et II prédominent.

Un détail souvent oublié : un masque chirurgical est à usage unique, pour une durée idéale de 3 à 4 heures puis à jeter (source : HAS).

Protection dans un sens : les limites du masque chirurgical

  • Le masque chirurgical protège contre les gouttelettes (≥ 5 microns), mais peu face aux particules plus fines.
  • Il ne filtre pas efficacement l’air inhalé : le porteur peut respirer des agents pathogènes si l’air ambiant est contaminé.
  • En collectivité (écoles, EHPAD), l’intérêt principal réside dans la limitation de la transmission de personne à personne.

Chiffres clés sur la filtration

  • La filtration annoncée (98 % pour le Type II) concerne des bactéries d’un diamètre de 3 microns, mais l’efficacité face à des virus plus petits dépend de leur mode de circulation (en gouttelettes agglomérées ou en aérosols ?).
  • Durant les vagues de COVID, l’INRS rappelait que le masque chirurgical n’assure pas une protection suffisante contre les aerosols (INRS).

Masque FFP2 : l’équipement de la protection individuelle

À quoi sert un masque FFP2 ?

Le masque FFP2 appartient à la famille des appareils de protection respiratoire. Son objectif : filtrer l’air inhalé pour protéger le porteur des particules en suspension dans l’air, y compris les aérosols de taille minime (inférieurs à 5 microns).

La désignation FFP, pour « Filtering Facepiece Particles », indique sa spécialisation. Il existe plusieurs catégories :

  • FFP1 : filtration des aérosols >80 % (peu utilisé en milieu médical)
  • FFP2 : filtration ≥ 94 % des particules de 0,6 microns
  • FFP3 : filtration ≥ 99 % (utilisé dans des contextes très spécifiques)

La norme européenne applicable est EN 149. Les masques FFP2 sont jetables, à porter quelques heures, et doivent impérativement être bien ajustés au visage pour fonctionner.

Protection bilatérale

  • Le masque FFP2 filtre l’air inspiré et l’air expiré, sauf modèles avec valve (ces derniers laissent passer l’air expiré, attention en cas de protection de l’entourage).
  • Il protège contre les particules fines (poussières, agents infectieux transportés par aérosols), et donc contre la contamination par voie aérienne.

Chiffres et repères scientifiques

  • Un FFP2 neuf, bien porté, bloque au moins 94 % des particules d’un diamètre de 0,6 micron (source : INRS).
  • D’après une étude menée en 2020, le port d’un FFP2 réduit le risque de contamination par le SARS-CoV-2 de 75 à 90 % par rapport à l’absence de masque, alors que le masque chirurgical limite ce risque de 50 à 70 % (The Lancet, 2020).

Comparatif concret : dans quel contexte porter chaque masque ?

Situations courantes et recommandations

  • Masque chirurgical :
    • Indiqué pour les soins courants ne générant pas d’aérosols ; utilisé lors des consultations médicales courantes, protection du patient et de l’équipe.
    • Adopté largement dans les établissements médico-sociaux, en cas de circulation virale modérée.
    • Utile, aussi, pour limiter la transmission lors d’épisodes épidémiques (grippe, COVID-19) en collectivité.
  • Masque FFP2 :
    • Obligatoire lors des soins à risque d’aérosolisation (actes respiratoires, aspiration, soins dentaires, kinésithérapie respiratoire).
    • Préconisé auprès de patients suspectés ou confirmés porteurs d’une infection hautement contagieuse (COVID-19, tuberculose…)
    • Souvent exigé pour certains professionnels en EHPAD lors de clusters, ou pour les proches de résidents fragiles ; également dans les espaces mal ventilés.

Confort et tolérance

  • Le masque chirurgical est léger, supporté plus facilement sur de longues périodes par la majorité du personnel soignant ou des résidents.
  • Le FFP2 peut augmenter la fatigue respiratoire, gêner lors de la parole prolongée, et irriter la peau en cas de port répété (rougeurs, sensibilisations).
  • En situation de chaleur ou d’effort physique, la différence de confort est notable.

Idées reçues et points de vigilance

  • Porter un FFP2 « mal mis » (écarts sur les côtés, masque sous le nez) le rend inefficace. D’après Santé Publique France, un mauvais ajustement divise par 4 à 10 son pouvoir filtrant : mieux vaut parfois un chirurgical bien porté qu’un FFP2 mal ajusté.
  • Le masque chirurgical, même s’il n’a pas de défauts visibles, perd son pouvoir protecteur lorsqu’il est humide ou souillé : il ne doit jamais être réutilisé. (Source : gouvernement.fr)
  • Les FFP2 ne sont pas tous équivalents : il existe des produits contrefaits sur le marché, il faut systématiquement vérifier la mention CE et la norme EN 149.

Tableau synthétique comparatif

  • Effet protecteur : chirurgical = protège les autres, FFP2 = protège aussi le porteur.
  • Filtration minimale : chirurgical = 95-98 % pour les bactéries (3 microns), FFP2 = ≥94 % pour les particules fines (0,6 micron).
  • Durée de port : chirurgical = 3-4 h, FFP2 = 5 à 8 h en continu.
  • Coût unitaire (France, 2024) : chirurgical = 0,05 à 0,15 €, FFP2 = 0,25 à 0,50 € (source : distributeurs sanitaires).

Quelques bonnes pratiques pour un port optimal

  1. Se laver les mains AVANT et APRÈS manipulation du masque.
  2. Pincer la barrette nasale sur le nez (pour les deux types).
  3. S’assurer de l’absence de fuite latérale (surtout pour les FFP2).
  4. Changer de masque en cas d’humidité, de difficulté respiratoire, ou après tout retrait.
  5. Ne jamais porter le masque sous le nez ou sur le menton, même quelques secondes.

Pour aller plus loin : regards croisés et enjeux d’avenir

Face aux crises sanitaires récentes, la compréhension des équipements de protection individuelle est essentielle. Au-delà de la stricte opposition entre masques chirurgicaux et FFP2, c’est toute la chaîne de prévention qui mérite d’être interrogée : ventilation des locaux, formation, qualité des masques, adaptation au terrain. L’expérience des établissements médico-sociaux montre que chaque maillon de la chaîne, de la bonne information à l’intégration des retours de terrain, joue un rôle clé dans la sécurité collective.

Pour plus de ressources, consulter notamment les guides de l’INRS, les avis de la Haute Autorité de Santé, et les bulletins de Santé Publique France dédiés aux équipements de protection.

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