Comment bien choisir un masque de qualité en établissement médico-social ?

4 juin 2025

L’importance d’un masque fiable dans la prévention des infections

Dans le secteur médico-social, où la vulnérabilité des personnes accueillies impose une rigueur sans faille, le choix du masque ne relève ni du détail ni de l’habitude. Les masques, qu’ils soient chirurgicaux ou FFP (appareil de protection respiratoire jetable), sont une barrière essentielle contre la transmission des micro-organismes. Depuis l’épidémie de COVID-19, la sensibilisation s’est accrue, mais l’usage du masque s’ancre dans une longue tradition de maîtrise du risque infectieux, qui dépasse largement les situations épidémiques. Selon Santé publique France, 27 % des infections associées aux soins en établissements médico-sociaux sont respiratoires, ce qui souligne l’importance d’un équipement réellement performant (Santé publique France).

Mais dans l’offre pléthorique du marché, tous les masques ne se valent pas : matériaux, certification, confort… Plusieurs critères doivent être systématiquement analysés avant d’acheter ou de distribuer un masque.

Les certifications et normes : le socle de la fiabilité

La certification est le premier indicateur de la qualité d’un masque. Elle garantit qu’il respecte un niveau de performance défini par des tests rigoureux.

Pour les masques médicaux (masques chirurgicaux)

  • Norme européenne EN 14683 Cette norme s’applique aux masques médicaux jetables utilisés pour protéger l’environnement immédiat du porteur (par exemple en chirurgie, en salle de soins ou d’accueil en EHPAD). Elle distingue trois types :
    • Type I : filtration bactérienne ≥ 95 %.
    • Type II : filtration bactérienne ≥ 98 %.
    • Type IIR : filtration bactérienne ≥ 98 % et résistance aux projections (fluides).
    Le type IIR est à privilégier au contact de patients à risque d’expulsion de fluides ou de projections (soins oraux, aspiration endotrachéale, etc.).
  • Marquage CE : Ce marquage atteste que le fabricant respecte la réglementation européenne sur les dispositifs médicaux.

Pour les masques de protection respiratoire (FFP)

  • Norme EN 149 Elle s’applique aux appareils de protection individuelle (FFP1, FFP2, FFP3). Les FFP2 filtrent au moins 94 % des particules de 0,6 micron, alors que les FFP3 atteignent 99 %. D’après l’INRS, les masques FFP2 sont recommandés en cas de suspicion ou de prise en charge de maladies respiratoires hautement transmissibles — tuberculose, grippe aviaire ou coronavirus (source : INRS).
  • Marquage CE + code à 4 chiffres Pour un masque FFP, le marquage CE comporte aussi le numéro de l’organisme notifié ayant contrôlé le produit (exemple : « CE 0121 »).

À noter : les masques textiles « grand public » ou « alternatifs » ne sont pas conçus pour le secteur médical ou médico-social, car ils n’opposent qu’une barrière mécanique variable et ne sont pas soumis aux mêmes obligations de test.

Performance de filtration : un critère objectif

La capacité d’un masque à arrêter les particules (bactéries, virus, gouttelettes) est évaluée par des tests normalisés. Mais la filtration optimale dépend aussi du contexte d’utilisation.

  • Filtration bactérienne (masques médicaux EN 14683) : Elle doit être au minimum de 95 % (type I), 98 % (types II et IIR). Ce chiffre est mesuré en conditions de laboratoire avec des particules de 3 microns.
  • Filtration des particules fines (FFP) :
    • FFP1 : filtre au moins 80 %
    • FFP2 : filtre au moins 94 %
    • FFP3 : filtre au moins 99 %
    Ces valeurs s’appliquent à des particules de 0,6 micron, soit la taille de nombreux agents pathogènes aériens. La fiche technique doit toujours préciser le % de filtration garanti par le modèle choisi.

La filtration s’atténue avec l’humidité, la durée de port et parfois la morphologie du visage. Il convient ainsi de privilégier des masques offrant une performance supérieure à la situation standard, pour garantir une efficacité continue lors d’un port prolongé.

L’ajustement et l’étanchéité : la protection réelle sur le terrain

Un masque trop lâche ou mal adapté laisse passer l’air par les côtés, annulant une grande partie de l’effet barrière même si le tissu est performant. L’étanchéité dépend de plusieurs éléments :

  • Barette nasale : Elle assure l’ajustement sur l’arête du nez, évitant la buée sur les lunettes et limitant les fuites.
  • Type d’attache : Les masques à liens noués offrent souvent un ajustement plus précis que les élastiques derrière les oreilles, mais demandent plus de temps. En pratique, la tolérance est meilleure avec les masques à élastiques plats (moins d’irritations cutanées).
  • Forme du masque : Les masques FFP en bec de canard ou en coque s’adaptent différemment à la morphologie. Un test d’ajustement (fit-test) est recommandé pour les masques FFP utilisés contre des agents hautement infectieux (source : Santé Suisse).

La sensation de confort conditionne aussi l’observance : selon une étude du British Medical Journal en 2020, près de 23 % des soignants prolongent ou retirent prématurément leur masque en raison d’une gêne (marques, chaleur, difficultés à parler). Il est donc judicieux d’associer réajustement et tolérance cutanée dans le choix du modèle.

Respirabilité et confort thermique : des critères souvent négligés

Le port prolongé d’un masque exige une bonne respirabilité pour limiter la fatigue et l’inconfort, surtout lors de tâches physiques ou par températures élevées. La norme EN 14683 impose par exemple une pression différentielle (« delta P ») inférieure à 60 Pa/cm² pour les masques chirurgicaux. Plus la valeur est basse, plus il est facile de respirer à travers le masque.

  • Respirabilité (delta P) : Les fiches produits précisent parfois ce chiffre : privilégier les masques offrant une valeur plus faible sans compromettre la filtration.
  • Confort thermique : Pour les soignants ou résidents anxieux, la chaleur et la sensation d’humidité sont de véritables freins à l’utilisation. Certains modèles multi-couches intègrent une couche absorbante qui limite l’accumulation de sueur ou de condensation.

Un masque performant doit trouver l’équilibre : bonne filtration, mais sans gêne respiratoire excessive.

Durée d’efficacité et indicateurs de changement

Les masques jetables sont conçus pour être portés temporairement (en général 4 heures pour un masque médical, 8 heures maximum pour un FFP2 sans souillure). La durée d’efficacité dépend de plusieurs facteurs :

  • Humidité (transpiration, respiration, environnement ambiant)
  • Contact avec des liquides ou salissures
  • Étirement ou déformation des attaches

Un masque doit toujours être changé après un soin contaminant, s’il est humide ou s’il gêne la respiration. Certains fabricants commencent à proposer des modèles dotés de marqueurs visuels d’humidité ou d’indicateurs d’intégrité sur la face externe, mais ce n’est pas encore la norme.

Éviter de réutiliser un masque, ou de le « garder en poche » entre deux usages — le risque de contamination croisée augmente alors significativement.

La qualité des matériaux et l’absence de composants à risque

L’innocuité du masque doit être une évidence, surtout en gériatrie ou pour des publics sensibles. Les masques conformes aux normes médicales doivent :

  • Être exempts de latex pour les patients ou professionnels allergiques
  • Ne pas contenir d’agents sensibilisants (colles, colorants, poudres)
  • Utiliser des matériaux hypoallergéniques pour limiter l’eczéma et les brûlures cutanées (données de l’ANIOS)

L’aspect, la solidité des coutures et la qualité de l’emballage (protection contre l’humidité, vérification de l’intégrité lors de l’ouverture) sont aussi à contrôler.

Traçabilité et lot de fabrication : garantit la sécurité sanitaire

Le numéro de lot, la date de péremption et l’identification du fabricant doivent figurer systématiquement sur l’emballage. En cas de rappel de produit, d’incident ou de défaut, cette traçabilité permet une réaction rapide et ciblée, y compris pour un contrôle à postériori.

  • Éviter les lots anonymes ou non marqués, dont l’origine ne peut être vérifiée.
  • Vérifier la notice d’instructions, notamment pour les masques FFP2 ou 3 (sens de port, ajustement, durée d’utilisation recommandée).

Informations pratiques pour l’achat et le stockage

Quelques conseils concrets pour finaliser son choix :

  • Prendre un échantillon de plusieurs modèles avant d’acheter une grande quantité
  • Vérifier la compatibilité avec les autres équipements de protection (lunettes, visières, audiophones)
  • Contrôler la stabilité du stock, le respect de la chaîne de distribution (éviter les ruptures subites et les achats dans l’urgence)
  • Opter pour un lieu de stockage sec, à l’abri de la lumière et des variations de température qui altèrent la qualité des matériaux

Outils pour comparer : check-list court pour pros et familles

  • Le masque porte-t-il la bonne norme (EN 14683 ou EN 149) ?
  • Le niveau de filtration est-il adapté à l’usage ?
  • Le modèle est-il confortable pour un port continu ?
  • Les matériaux sont-ils hypoallergéniques ?
  • Le fabricant est-il clairement identifié (marquage CE, lot, DDM) ?
  • Pouvons-nous en changer rapidement si besoin ?

Masques de qualité : des enjeux individuels et collectifs

Le choix d’un masque en EHPAD, en foyer d’hébergement ou à domicile protégé, n’est jamais anodin. Il conditionne non seulement la sécurité de chacun mais la confiance des équipes et des familles dans la démarche de prévention. S'appuyer sur des critères objectifs, testés, et proposer régulièrement des évaluations de terrain – en interrogeant les utilisateurs – permet à la fois de réduire le risque infectieux et de respecter la dignité des personnes accompagnées.

Rester attentif à la traçabilité, à la qualité réelle et non seulement supposée, c’est en fin de compte garantir l’exigence de soin attendue dans le secteur médico-social.

En savoir plus à ce sujet :